Eglise de St-Victor - Fresques de N. Greschny
Visite de l'église du village de Saint-Victor
L'église de Saint-Victor, son histoire.
Les origines de cette église sont mal connues. Une hypothèse avancerait, qu’elle fût jadis, la chapelle du château de la famille Montcalm-Gozon situé tout à côté et abritant, aujourd’hui l’accueil touristique. Cela correspondrait aux dires de Nicolaï Greschny lors d’une interview réalisé par l’abbé Serin (1921-2003): « Quand j’arrivais ici, dans cette église je découvris un bâtiment de fin 17ème début 18ème siècle ». Or, le château des Montcalm-Gozon remonterait au 16 ème siècle.
En 1952, l’église de Saint Victor est en piteux état et de nombreuses réparations s’imposent. A la même époque, l’Abbé Gallonier, en charge de cette église, découvre, en lisant une revue des frères de Saint Viateur, un article relatant la restauration de la chapelle des Treize Pierres, près de Villefranche de Rouergue. On y parle d’un certain Nicolaï Greschny (1912-1985), un peintre Estonien que les hasards de la seconde guerre mondiale avaient emmené tout près de chez nous (La Maurinié - Marsal, 81). L’artiste, lui-même, y explique, dans les moindres détails, la technique utilisée. Il n’en fallait pas tant pour décider le maire Maurice Montrozier et l’Abbé Galonnier à faire réaliser des travaux nécessaires. En septembre 1952 Nicolaï Greschny arrive sur site, il découvre cette église de type roman pour la première fois. Sans parler de la réalisation des fresques, il participe activement aux travaux de restauration. Selon l’interview de l’Abbé Serin, l’artiste prodigue divers conseils concernant la restauration de l’église (la voûte, l’escalier à vis). On lui doit notamment, cette superbe tribune, épousant à la perfection les courbes de la voûte.
Mais la réalisation des fresques ne débuta qu’en avril 1953 et fut terminée à la fin mai. Il n’a donc fallut que deux mois à N. Greschny pour réaliser l’ensemble de son œuvre.
La technique de la Fresque.
La fresque est une technique qui utilise comme support un enduit frais à base de chaux et de sable. Une fois mis en place l’artiste n’a guère que huit heures pour réaliser son œuvre. Durant ce laps de temps, chaque coup de pinceau est définitif, toute modification entraînerait la dépose de l’enduit et l’application d’un nouvel enduit. Pour les spécialistes, les fresques pourraient perdurer pendant huit cent ans au minimum, si l’œuvre et son écrin son bien entretenus.
Il paraît presque évident qu’un tel support se destine à l’éternité, mais quoi de plus normal quand l’éternel est précisément le sujet de l’œuvre !
L'Oeuvre et son environnement.
Nicolaï Greschny transmet l’Histoire Sainte et l’illustre de scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament qui se répondent : Ancien Testament prémonitoire du Nouveau. Chacune de ces paires nous invitent à méditer sur les différentes formes de sacrifice et nous emmènent, de scènes en scènes, à la contemplation du Christ Pantocrator (littéralement qui soutient toutes choses).
De la lumière extérieure, l’édifice vous plonge brutalement dans l’obscurité la plus totale (1er quart de la nef) pour à nouveau vous conduire vers l’un des rares endroits éclairés : le chœur.
On peut être oppressé par la profusion, la richesse iconographique. Il y a une telle somme d’informations qu’on ne sait pas trop où poser l’œil, on manque de repères et souvent une impression de désordre, voire d’anarchie nous envahit. Mais il ne faut pas s’y tromper, l’ordre et le respect font partie de l’art byzantin. Le long des voûtes, de l’ombre vers la lumière, de l’apocalypse jusqu’au Christ, défilent les temps forts de l’Histoire Sainte, elles recouvrent les murs pour offrir au visiteur le fruit de cette histoire et le conduire à son aboutissement liturgique : l’Eucharistie.
Vous remarquerez comment le peintre a su intégrer les habitants de Saint-Victor et Melvieu et leur culture dans les scènes bibliques et évangéliques : sous titrage du latin en occitan, mets locaux (noces de Cana), personnages caractéristiques (Massa et Meriba), les acteurs de la réalisation de ces Fresques (la multiplication des pains ou les bâtisseurs). Au travers des personnages il transpire l’amour, la tendresse, l’ouverture à l’autre.
Ce n’est pas un caprice d’artiste, mais une volonté, car l’art sacré doit permettre l’interface entre la terre et les cieux. Dans ce but, le peintre introduit des parcelles de culture locale afin de solliciter les habitants de Saint-Victor et Melvieu, rejoints dans leur quotidien, pour méditer sur la parole de Dieu.
Et c’est le rôle ultime de l’iconographie comme le dit si bien Yves Rouquette : « Ce que j’ai aimé dans l’œuvre de Nicolaï Greschny, c’est qu’il nous fasse contemporains des évangiles et à travers de cette contemporanéité avec les évangiles, contemporains de Dieu, contemporains de l’éternité, contemporains du temps, qui pour un moment, ne passe plus ».
Horaires des visites:
Du 1er juillet au 31 août: du lundi au jeudi de 10h à 12h et de 13h à 19h, le samedi et le dimanche de 13h à 19h (s'adresser à l'accueil touristique du village).
Hors saison: lundi, mardi, jeudi et vendredi de 9h à 12h et de 13h30 à 17h, le mercredi de 9h à 12h (visites libres: s'adresser à la mairie pour le prêt des clés).